
Je soumet aujourd'hui à votre lecture, attentive j'espère, un article fort intéressant écrit par un de nos socios (G.L.) paru dans la Gazetilla N°120bis du mardi 8 novembre 2016. Je ne doute pas un seul instant que certains se retrouveront dans ses écrits.
LE CHANGEMENT, C'EST MAINTENANT. ET BIEN NON !
Ceci n'est écrit ni sous la dictée d'une aigreur quelconque, ni par un effet de nostalgie qui serait induit par les évocations d'un temps qui n'est plus qu'au passé: c'est juste que le temps, ce lugubre robot implacable, continue précisément de passer, et qu'il ronge les gens, artistes toreros inclus, et rogne les perspectives, les nôtres à tous.
On nous sert, on nous vend du tiède qui ne fait pas de vague mais certains en redemandent.
Le mot "Changement". Pas un homme politique, pas un éditorialiste, pas un observateur qui ne nous parle ces temps-ci du "changement nécessaire".
Bien sûr, il y a urgence, des réformes sont nécessaires dans ce monde chamboulé. Il y a eu la Renaissance, le siècle des Lumières ou la révolution industrielle. Tout se transforme, tout se modifie. Un monde meurt, un nouveau surgit. Il nous faut nous ouvrir à l'avenir, ne pas se confier à la nostalgie.
Mais pourquoi le changement? Cette petite musique qui nous enjoint de changer sans poser d'autres questions.
Nous n'allons pas nous prosterner devant l'idole du changement sous peine d'être des ringards! L'air du temps ne nous va pas si bien, c'est plus une pathologie qu'une idéologie. Est ce que la stabilité, le calme, la lenteur ou le silence ne nous seraient pas plus nécessaires?
Il en va de notre équilibre, la joie de vivre, la confiance ne doivent pas nous abandonner. Oui à la modernité présente dans tout art, mais l'art taurin doit-il devenir un art décadent? Que notre torero continue à se grandir face au taureau, au vrai et son triomphe n'en sera que plus grand. Quel intérêt "d'exploits" trop faciles qui amènent à la banalisation? Où se trouve l'art si la bravoure manque pour le magnifier.
A chaque lustre, ses tares: dans les années 50, la pratique généralisée de l'afeitado était reine, suivirent des novillos nourris au grain à la place de toros de quatre ans (le marquage à l'épaule a fait disparaître cette pratique) et depuis déjà trop longtemps, l'invasion de l'encaste Domecq.
La corrida hors du danger existe t'elle? C'est cet art du toreo qui permet d'affronter ce danger et le vaincre. Sinon à quoi bon? Ce n'est que devant un TORO, un TORO de respect qu'un torero deviendra à son tour, un TORERO de respect.
"Toréer est l'art de la force et du courage, engendré et dispensé par la raison, la plus noble des trois dispositions de l'âme. C'est un art violent et nécessaire à la sauvegarde de la vie humaine" Josef DAZA.
Toute cette amertume parce que nous sommes avant tout aficionados, parce que nous aimons la Corrida et non pas parce que nous savons, nous ne sommes pas non plus des nostalgiques du "c'était mieux avant". Nous aimons la Corrida et nous la défendons: contre les politiques en mal de notoriété, les stars défraîchies, contre les anti imbéciles et ignares.
Nous sommes sincères, exigeants et totalement indépendants vis à vis du milieu professionnel. Nous allons aux arènes où combattent des toros braves, nous assistons à des novilladas pour découvrir des ganaderias inconnues ou pour soutenir et voir l'évolution d'un ganadero estampillé Sud-Ouest, des non piquées pour encourager de jeunes pousses souvent nées à l'ombre de nos arènes. Loin du showbiz, de la superficialité et des apparences.
Les écoles taurines se multiplient où s'ébrouent des jeunes formatés. Mais elles leurs permettent de s'exprimer après avoir acquis les bases essentielles, d'amener d'autres jeunes aux arènes et si l'échec est au bout, il en restera toujours quelques excellents aficionados.
La cape a quasiment disparue, le tercio de varas se raccourcit, celui des palos devient une formalité et les faenas s'allongent, s'allongent...Moins on a de talent et plus on veut nous le prouver. Que Mrs les Présidents apprennent à lire l'heure et sonnent les avis! Stop au spectacle de trois heures, c'est indigeste!
The show must go on, certes mais de quelle manière, avec qui, et pour qui?
Gilbert LAMARQUE